14 septembre 2006

La mort aux trousses


































Mamma mia !

Quand le divertissement pur touche au sublime.
Aventures, espionnage, suspense, amour, humour, tout y est parfaitement distillé, qui dit mieux ?

Un nombre exceptionnel de scènes mythiques dont les plus connues du public sont celles qui montrent Cary Grant poursuivi par un petit avion d'épandage et l'escalade sur le Mont Rushmore.














A propos de la scène totalement irréelle dans les champs en rase campagne, Hitchcock disait dans une interview filmée qu'il avait voulu réaliser l'exact contraire des films noirs français, avec voiture noire, forcément dans une grande ville aux pavés luisants, dans la nuit....
Ici, plein soleil, tout est dégagé, et tout peut arriver et de n'importe où.














Tant d'autres scènes également excellentes. Tous ces moments, dans le train entre Cary Grant/
Roger Thornhill et Eva Marie-Saint/Eve Kendall.
De la rencontre à table ( "Que veut dire le O de Roger O. Thornill ? et lui de répondre : "Zéro"...), à cette extraordinaire scène d'amour verticale contre les cloisons du compartiment. Hitchcock disait qu'il fallait tourner les scènes de crime comme s'il s'agissait de scènes d'amour et les scènes d'amour comme s'il s'agissait de crimes. L'exemple est ici parfait.

Le plan de Cary Grant se rasant avec le rasoir féminin de sa compagne, la scène au commissariat après l'arrestation de Cary Grant, ivre et se payant la tête du policier en dicutant au téléphone avec sa mère, jouée par Jessie Royce Landis (pour l'anecdote, cette actrice était née la même année que Cary Grant, supposé être son fils dans le film, d'où cette impression particulière lorsqu'il lui dit "maman" ou "chérie", toute la perversité d'Hitchcock... !)

A mon avis, "La mort aux trousses" est le plus grand film d'Hitchcock, mais est-il besoin de créer des classements aussi stupides qu'inutiles ?
Bien sûr, dans la période américaine, il y a "Vertigo", bien sûr il y a "Fenêtre sur cour", bien sûr il y a "Psychose", "Les oiseaux", "La main au collet", "Le crime était presque parfait", "L'homme qui en savait trop", et tant d'autres. Tous des chefs-d'oeuvre. Dont la plupart seront présentés sur ce blog.

Oui, mais "La mort aux trousses" ! Supérieurement intelligent et bien fait et tellement agréable à regarder. Pas une seconde d'ennui. Rien d'inutile. Aucune fausse note. Cary Grant, absolument irremplaçable, inatteignable, Eva Marie-Saint qui est parfaitement dans le rôle même si tous ceux qui adoraient Grace Kelly garderont toujours le regret de son absence mais elle était déjà partie pour des horizons azuréens... Et James Mason, impérial. "Tout le cinéma" consacrera d'ailleurs une fiche à ce très grand acteur au travers de l'un de ses rôles dans un film de Mankiewicz.
Et Léo G. Caroll est lui aussi parfait dans son rôle de chef du contre-espionnage. Le rythme ne faiblit jamais, le montage est du travail d'orfèvre, la musique ? Un chef d'oeuvre de plus de Bernard Herrmann, compositeur dont nous reparlerons.

Le thème principal, nerveux, enlevé, posé sur le générique inoubliable de Saul Bass.
Et les mouvements plus lents, accompagnant, renforçant les scènes plus tendres, tout cela offre au film l'une des meilleures bandes originales du cinéma.



Et puis...perennité, selon moi, de ce film : influence, réminiscence, hommage de Stanley Kubrick dans "Eyes Wide Shut" dont je reparlerai dans une fiche qui lui sera consacré.

Le thème du rêve éveillé, la trajectoire circulaire qui fait voyager mais n'emmène nulle part sinon au bout de soi-même; tout cela est déjà présent dans "La mort aux trousses" et décliné à nouveau dans le Kubrick. Et de même dans le "Mulholland Drive" de David Lynch, lui aussi bientôt ici même.

Pour moi, en effet, ces trois films forment la trilogie et, si j'osais, la sainte trinité (!) d'un certain cinéma américain.

Pour l'anecdote, et peut-être pour confirmer cette théorie du rêve, le générique début est vert. Et ceci dès le fameux logo de la MGM, à ma connaissance pour la première fois - et la seule.















Le titre original, s'inscrit sur la façade d'un building de New-York dans le somptueux générique de Saul Bass.

















Quelques liens très intéressants:

Le site du film avec le storyboard
Objectif cinéma
Le ciné-club de Caen présente plusieurs photogrammes
Libre savoir
Rayonpolar.com










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